dimanche 6 janvier 2008

Croquis et Agaceries d'un Gros Bonhomme en Bois

Dimanche soir.
Erik Satie.
Un normand de Honfleur et le week-end se termine en musique surréaliste. Et c'est bien. Ce me fait chanter pour mes lapins, ma girafe et Jack le peacock.
Depuis le dernier post, on a coulé des jours tranquilles au Colorado.
J'ai appris comment je pensais avec ma maman, habillée en pois petit bateau. C'est bon de s'instruire, même si c'est pas toujours évident. Mais ce livre est bien écrit, et c'est souvent drôle.
J'ai aussi joué un peu avec papa. Cette étoile de toutes les couleurs est vraiment très très épatante. Tellement épatante que j'en ai ri aux éclats. J'ai littéralement ri en faisant du bruit.
Et hop! Encore une première fois, et en musique.
J'ai aussi joué toute seule, parce que je sais faire ça maintenant. Un jeu un peu étrange sans vraiment d'idée préconçue si ce n'est de découvrir des lapins roses, qui n'existent que dans mon monde de transat et de tapis d'éveil. C'est quand même bien cette vie de bébé. Tout est à découvrir, et en plus je peux découvrir des trucs qui n'existent pas. J'ai même un livre avec un cheval bleu, un canard vert et un grizzly. Même s'il parait que ça existe, j'aime autant ne pas le vérifier pour l'instant.Samedi on est allé à Denver.
La grande ville.
Il y avait beaucoup de rues, et des immeubles, et des piétons, et des magasins de disques, et des ruelles étranges, et des gens qui n'étaient pas tous pareils, et des lieux déglingués, et des anciens théâtres déguisés en librairie et aussi des bords effrités, et aussi des endroits abandonnés, et aussi des endroits où on peut refaire le monde.
Et aussi un diner!
Il était beau ce diner.
J'ai pris une tétée sur un canapé en simili-quelque chose d'un jaune éblouissant. Il faut dire que le soleil brillait et qu'il faisait même plutôt bon dehors. Je n'avais presque pas besoin de doudoune et mes parents marchaient en pull! Une sorte d'excursion urbaine et printanière.
Un coin entier du diner était dédié aux banquettes violettes. Ca assure, vous ne trouvez pas?
Un vrai lieu de gangsters sur le retour qui se sont fait ratisser leurs vêtements et qui se retrouvent en short hawaiens. Ca ne vous rappelle pas un film qui a eu la palme d'or au festival de Cannes bien avant ma naissance? Avec la musique d'Al Green et des 'quater pound with cheese'?
Ce déjeuner plantureux et légèrement saturé appelait une petite promenade. Alors on a continué à remonter Colfax avenue vers une librairie. Notre route a croisé des lieux et des piétons étranges, des maisons immenses et des ruelles ruisselantes de neige fondante, un seven-eleven, haut lieu d'attraction pour les humains en manque d'attente quelque part, des vieux bâtiments reconvertis en bar à cocktail ou en suchi bar.
Finalement, on ne peut pas y échapper, on est arrivé à la librairie. C'est intéressant cette idée de racheter un théâtre pour le remplir de livres. Enfin, ce que j'appelle intéressant c'est que ça éveille ma curiosité, ça me donne envie de gazouiller, et ultimement de prendre un petit goûter au milieu de toutes ces recettes de cocktails, des guides de voyage, des photos récoltées aux quatres coins du monde, entourée de toutes ces histoires sorties d'esprits littéraires à travers les ans, lovée dans un fauteil posé au bord de piles annonçant l'arrivée des ovnis ou la fin de l'humanité auto-destructrice, racontant les histoires de little george, réinventant le passé des continents et des civilisations, rapportant l'état actuel du savoir dans diverses disciplines et bien sûr, plus que tout, décrivant des cow-boys traversant des paysages brûlants, des groupes hétéroclites de personnages oniriques à la recherche d'une balle de base-ball mythique, une horde de chansons de marins partant à la recherche d'une lettre de l'alphabet dans les recoins étranges et éblouissant des métropoles qui se sont appelées villes.
En rentrant, j'ai pris un bain avant un petit défilé de mode.
D'abord mon body de l'ouest avec une silhouette sans nom, reconnaissable entre tous les personnages de western. Ensuite mon body de noël annonçant le rêve de maman, que je 'nai pas réussi à réaliser cette année. Il faut dire qu'elle aussi elle m'embête des fois quand elle me met de la crème, là. Et enfin une tenue venue tout droit de Paris, je fais ma timide devant l'objectif, mais j'aime bien.
Aujourd'hui il faisait encore bon, mais pas très beau. La neige fond et papa en a profité pour sortit à King Sooper (ça faisait bien 2 ou 3 posts que je n'avais pas parlé de King Soopers).
Sur le chemin, il a croisé les oies. Je ne vous en avais pas encore parlé, mais depuis qu'on est arrivé, on voit régulièrement ces oies passer un peu de temps au coin de la rue. Très étonnant. Peut-être qu'un lecteur de ce blog, ayant acquis des connaissances en biologie un peu plus avancées que celles de mes parents, pourra-t-il m'expliquer pourquoi ces oiseaux migrateurs n'ont pas poussé un peu plus au sud que le nord du Colorado. Ne serait-ce que le Nouveau-Mexique, le climat y est bien plus clément et les restaurants mexicains sont bien meilleurs qu'ici.

En marchant vers King Sooper, papa a photographié tous les piétons qu'il a croisés.
Trois.
On n'en n'avait jamais vu autant.
C'est peut-être le crépuscule. Moment propice aux courses, un dimanche soir tiède de début janvier.
Et voilà King Soopers, toutes les voitures de tous ces gens qui n'ont pas besoin de marcher pour acheter du jus de cranberry et du café. Des cow-boys civilisés en quelque sorte, si je peux me permettre cet oxymore tardif.
Bonne nuit!

1 commentaire:

Sandrine a dit…

Quelle classe multinationale, Alice!

Par contre, que font toutes ces montgolfieres autour de la tete de Clint?