samedi 12 décembre 2009

redondo

le vent souffle au ras du sable, le soleil a dépassé le zénith depuis quelques heures déjà, je suis allongée sous cet arbre depuis plus d'un jour. l'ombre et l'air accompagnent un demi sommeil, mais c'est de l'arbre dont il s'agit.
je trainais mes pieds nus sur quelque porche à l'ouest du texas quand charles bowdre, un fromager errant dans les saisons suivant l'entropie des vents désertiques, m'a raconté cette histoire.
il me dit, 'kid, connais-tu cet arbre dans la vallée redondo?', je lui réponds que je connais bien redondo, cette vallée brûlante et poussiéreuse au sud de la rivière pecos, et que n'y jamais vu que le soleil et le sable les plus chauds du nouveau-mexique.
il me dit, 'tu dois retourner à redondo en peignant. les courbes que tu traceras en bleu positionneront l'horizon, les aplats harmoniques te guideront à travers l'ouragan et l'arbre se situera là où tu ne sombreras plus'.
si je quitte l'ombre du porche je vais me brûler les pieds, il est trop tôt pour un shot de lait malté. je décide d'écouter charlie fabuler. coincée.
il continue, 'cet arbre est mystérieux. il est là, au milieu du désert, à des kilomètres de la première rivière, à des heures de marche de la moindre piste, seul dans un périmètre indescriptible. il semble attendre un aventurier à bout de rêves. son ombre est sombre et terriblement statique, comme s'il voulait arracher quelques éclats de désert pour en faire des flaques noires et fraîches. son tronc a disparu sous le poids de l'ombre et il semble flotter sur la poussière, dans une sorte de dérèglement thermodynamique. nul se peut chanter la quiétude du sommeil sous ses branches.'
charles se tut. je restais sous ce porche en attendant la nuit, le regard perdu vers l'ouest. charlie était connu pour ses divagations lunaire, conséquence directe de son vain parcours centrifuge. j'essayais d'oublier cette histoire. et puis comment pourrais-je peindre? je n'ai même pas de bottes, comment saurais-je ce que peindre veut dire?
la nuit tomba. quelques heures plus tard je pouvais marcher sur le sol du texas, continuant mon chemin vers l'ouest, jusqu'à l'aube. j'espérais atteindre le pecos rapidement, puis rejoindre pat et ab sur les bords du santa fe trail à hauteur de melena. la nuit claire m'offrit une lumière lunaire grise et tranchante, j'avançai rapidement pour me réchauffer et je n'arrivai pas à sortir cet arbre de mon esprit. maudit bowdre! peu avant l'aube le sable se changea en prairie constellée de cactus, sauge et autres végétaux peu hospitaliers. je dus ralentir ma course, concentrer mon regard sur le sol déglingué. j'avançai bas, augmentant l'impression de vitesse dans mon champ de vision clair et rétrécit. je pouvais sentir le ciel s'éclaircir au-dessus de moi, les premiers rayons projetteraient bientôt une ombre immense et recroquevillée devant moi. vite, maudits cactus. fleurs bleues éclatantes de rosée, poussières humides rescapées d'un quatuor préparé, brins de chêne bleu, monoptilon bellioides, océan de saguaros, un serpent à sonnette, une ombre qui avance plus vite qu'elle ne le pense, personne en vue, plus bas la course, je suis concentrée. sable rouge, poussières paléozoïques, affleurements sombres dans la nuit finissante, dents de hibous, coyotes ventriloques, derniers chants du moucherolle, le bleu invisible, l'horizon cachée, j'avance à grands pas, presque pliée en deux. l'ouest immobile, mon ombre fait le chemin inverse, mon chapeau me protège encore un peu, bowdre, quelle histoire as-tu encore inventée. peindre en volant, un arbre surgit d'une déambulation préméditée. maudit cow-boy, les mots ne colportent que méprise et rêves, tu t'es perdu dans la bataille géostationnaire d'un marin alpin, tu as vu filer les antilopes là où se reposaient les bisons, les couleurs ferroviaires ont tracé des courbes inextricables au fond de ton regard, tu as cru au pouvoir des pigments et tu as caressé les mythes du désert. la lumière aplatit les cactus et coupe les ombres. plus bas la course, pieds bleus de printemps, voile jaune de désert qui se soulève sur mon passage. mes oreilles résonnent d'un pas qui n'est plus le mien. maudit bowdre, que faisais-tu sur ce porche. le pecos n'était pas loin. quelle force légendaire a conduit ton chemin a croiser ma route ce jour-là? comment veux-tu peindre avec l'harmonie? je dois m'arrêter.
j'y suis.
sous un arbre qui n'existe pas.
au-delà de l'océan, c'est l'été. un nouveau post peut commencer.

l'été 2009 fut lumineux, pédestre, dense, un peu mouvementé, très drôle, reposant, marin. il ne s'est pas terminé là où il avait commencé: au parc du thabor. Ce jour-là est le plus long de l'année, il fait beau, c'est un samedi et c'est l'occasion de fêter l'anniversaire de Lubin (vous avez remarqué comme les posts ont tendance à démarrer par un anniversaire? j'aime ça)
je suis là, sous le chapeau.
et il y a du gâteau au chocolat
et c'est splendide! il y avait même des ballons, des cadeaux, de la musique, des jeunes, des cow-girls échappées d'une boutique londonienne, des ombres raffraîchies par les feuilles de hêtre, de la pelouse autorisée.
en repartant vers la maison la fête de la musique a démarré place hoche. excellente occasion de rencontrer une foule
et de danser. après tout, il y a de la musique au-delà de tous ces gens, tout ce qu'il faut pour taper dans les mains et tourner.
Après cette promenade, tout ce soleil et la musique, il nous faut un peu de calme, de barbapapa et de nourriture. Pendant que nos parents prennent le prétexte d'une année de plus pour manger et boire, Lubin et moi renforçons nous connaissances barbapesques.Et puis c'est vraiment l'été qui commence. Le mois de juin se termine, il fait nuit tard, les fenêtres sont grand ouvertes, il y a des avions qui décollent trop tôt, des taxis en retard dès l'aube, une semaine à Toulouse pour maman. Et puis vient un autre anniversaire.
Tata Sandrine nous rend visite.et je frime place du parlement.
Il fait un temps à sortir les robes légères.
Et puis on va déjeuner dans le jardin à Acigné pour l'anniversaire de Françoise.
maman
sandrine
alice
alice et poupéeet il y aussi lou, françoise, jacques, papa qui prend des photos et parfois papa qui se fait prendre en photo.
cette saison propice aux aventures extérieures est l'occasion pour le kid de découvrir plus amplement les joies des jeux au parc qui étaient un peu trop grand jusqu'à présent. sortie sous le ciel bleu.
Bon d'accord, je ne dépasse pas encore beacoup de la table, mais je vous le dis, le kid grandit chaque jour. fais gaffe pied tendre, ne croit pas que la toile te protégera éternellement, si tu te moques, un jour je monterai dans un train, je descendrai à la gare suivante et je frapperai chez toi sous un soleil de plomb. pas d'ombre, juste le zénith, toi et moi.
l'été semble être invariablement une invitation à la mer, au sable et au repos. alors un dimanche de juillet, on monte dans un train direction la mer, le sable et un peu de chaleur malouine. un train, magnifique!
bon, pour ce qui est du sable je suis nettement moins sûre, quant à la mer c'est parfaitement hors de question. je vous le dis, je ne me sens jamais mieux que dans un creux de désert au fond nouveau du nouveau-mexique alors de là à mettre un pied dans l'océan, il va falloir bosser. (je vous conte cette histoire, 6 mois après les faits, alors que 2009 touche à ses dernières heures, et je n'ai encore jamais mis les pieds dans la mer de ma vie, quant au bain c'est la pire atrocité de pied tendre qu'on peut me faire subir, passons, tout va bien).
quand je vous disais que le sable je n'étais pas sûr: je garde mes chaussures, mes chaussettes, sur la serviette et là, le sable, j'aime bien.
on va passer le week-end du 14 juillet à stervilin, un peu plus à l'ouest, le long d'une rivière.
il y a du vent, il y a du sable, c'est bon. la rivière part à la rencontre de l'océan
et je pars à l'aventure avec papa.
le soleil se couche tard, le dîner se prolonge dans la lumière venue de l'ouest, tout le monde se recule un peu dans son siège pour mieux apprécier la douceur.et lou est là bien sûr!
je sors mes plus belles tenues quand je découvre la nouvelle joie des bateaux. je ne sais d'où vient cette sensation, mes j'avoue que les bateaux, c'est vraiment super.

câlin maman
la prairie verdoyante
et les cailloux. un seau, une pelle, un râteau, un maillot de bain et des graviers, de quoi largement assouvir ma soif de déplacer des bidules, de les mettre dans des trucs et des les éparpiller un peu partout.
autre nouveauté induite par le temps qui passe: je grandis et je grossis et je deviens ainsi trop lourde pour aller dans le sac à dos vert. mes parents commencent donc à me porter sur leurs épaules et maman a acheté une nouvelle poussette.
j'ose m'approcher un peu, mais c'est bien pour jeter des cailloux dans l'eau, certainement pas pour le plaisir de toucher l'eau. d'ailleurs, ce qui est peu dommage quand on jette des cailloux dans l'eau c'est que l'eau éclabousse et parfois quelques gouttes retombent sur mes mains et rentrent en contact avec ma peau. quelle horreur!
en rentrant de stervilin une petite semaine nous attend et le vendredi 17 juillet mes parents achètent vraiment notre première maison, 46 rue des ormeaux à rennes. ils se sont délestés d'un petit paquet de dollars, se sont endettés auprès de plusieurs pied tendres et pourtant ils sont contents. il faudra pourtant encore attendre un mois et demi avant de vivre dedans. pendant ce temps, des gens vont passer, des pots de peinture vont se vider, des euros vont changer de mains, des gravats vont sortir, du bois va entrer, mes grand parents vont travailler, je vais aller au parc du thabor et l'intérieur de notre maison va changer.
dès le lendemain de l'achat papa va commencer à enlever la tapisserie et démonter la cuisine; la semaine suivante des messieurs vont venir supprimer des murs et ça avance. (je vous jure, au moment où j'écirs ce post, je suis très contente de vivre là...après quelques transformations)donc, comme je vous le disais, pendant que la maison change de look le week-end, les vacances ne sont pas encore là. la semaine je vais chez tata avec raphael, on va au parc tous les jours, au toboggan, on marche beaucoup, on va chercher le pain, on prend l'air quoi. et le week-end venu, je retourne au parc avec papa, maman, lou ou l'un d'entre eux.
je redécouvre aussi tous mes chapeaux et j'apprends à courir sur différentes textures.
je prends également mes habitudes de trajet, on remontre la rue de robien, on tourne à gauche le long de la fac d'éco, on traverse la place par le milieu, on remontre la rue saint melaine en s'arrêtant aux moindres recoins, on traverse la rue gambetta en donnant la main, le parking, l'allée arborée, on remonte au bout de la grande pelouse, on descend les escaliers, on fait le tour de la volière en regardant un peu tous les oiseaux, on marche sur la prairie autorisée, on avance jusqu'au jeux, on va sur le toboggan, les chevaux, on recommence et puis je n'ai jamais envoe de partir mais finalement il faut bien alors j'accepte en râlant un peu et on refait le même chemin en sens inverse et gare à celui qui voudrait changer d'itinéraire, qu'on se le dise!
évidemment, en musardant un peu, en traînant dans les échaffaudages et multipliant les tours de toboggan, il m'arrive d'être très fatiguée quand on repasse place hoche au retour du parc.
un matin, un peu plus tard.
et des bateaux à nouveau, en bas de la rue
on repart vers le parc, rue de robien, place hoche, rue saint melaine. implacable je vous le disais
un chapeau, une poupée poussée par un train, une démarche très cool.



et puis ce jour là mon père se risque à changer l'itinéraire de retour. il me porte, on regarde des photos et puis je commence à lui expliquer mon mécontentement face à cette variation. je traine des pieds, je m'assoies, je me lève, je reviens, j'avance, je descends, je cours, je repars, il photgrahie.


l'été avance, et les travaux doivent continuer dans la maison.
un petit pique nique avant de commencer
ce jour-là papa, jacques et françoise enlèvent le vieux sol et commencent à en mettre un neuf
d'abord coller du liège partout
il reste un petit bout d'ancienne cuisine
et puis poser le parquet tout neuf, avec l'assistance de lou.


latte par latte, ça avance, on coupe, on colle, on mesure
les fins de journée sont un peu écarquillées, mais je suis content de retrouver tout le monde. ce soir là à acigné.
le matin, le soleil rentre dans la maison. encore quelques tas de lattes

de son côté michel refait l'électricité dans la maison.
début août le parquet est presque terminé, l'électricité a bien avancé, tata est en vacances et papa m'emmène quelques jours à stervilin pendant que maman reste à rennes pour travailler.
je retrouve avec joie les grands bateaux de la cale.
je les regarde ce soir là en jouant avec des gros cailloux


le temps est suffisament estival pour manger dehors
lors de ce séjour j'ose mettre mes pieds nus au contact direct du sable et j'y prends même presque plaisir, avec le seau, la pelle et un peu d'incitation de mon arrière grand père.


les cailloux par contre, c'est acquis, j'aime ça, quitte à m'approcher très près de l'eau pour les lancer.

on ramène lou avec nous à rennes pour la suite des travaux. ce soir là c'est un déchainement de grand cerf, en famille.
je suis là. tout en bas de la photo.
après le sol, les murs
en attendant la nouvelle cuisine
les promenades au parc continuent.


aujourd'hui on fait un petit détour par les fleurs sous le soleil fluide du mois d'août

et retour invariable.
rue saint melaine.
un déjeuner avant la peinture, et une petite histoire avec lou.

ce jour là même freddy est venu aider papa à terminer la pose du parquet.
ensuite viennent les chambres, à peindre des murs au plafond.

la cuisine arrive.
et la rue de robien commence à ressembler à un appartement sur le départ.
dernière semaine d'août, le piano s'en va.


et arrive rue des ormeaux par la fenêtre.
Anne est là le jour du déménagement. je pars faire un tour avec elle, porter les cartons ce n'est pas trop mon truc. après 2 semaines intensivement manuelles, la maison est prête à nous accueillir, tous les murs et les plafonds sont peints, les sols sont remis à neuf, il y a de la lumière partout, la cuisine est en place, avec des murs rouges. ce soir on y passera notre première.
le lendemain on amène toutes nos affaires, avec quelques bras supplémentaires.

et c'est le grand soir, en famille à la maison, thoms, sébastien, eric, isabelle, anne, michel, maman, papa, poupée et le kid.
le dimanche papa et maman rendent les clés du 8 rue de robien après un dernier ménage. il fait beau, ça y est, on est dans une nouvelle maison. on prend nos marques, on range doucement, on profite des derniers jours d'été pour dîner dehors.
et lire quelques histoires.
premier brunch.
on découvre le quarier à pieds, poupée sous le bras. la rue saint melaine est vraiment trop loin.
un peu plus bas dans la rue des ormeaux il y a un petit square avec un toboggan, une petite maison, des bancs et un peu d'enfants le dimanche après-midi.
tiens un ballon, j'adore! allez, je me joins à votre jeu.
quelques extraits du quartier



haricot verts et soleil. un déjeuner idéal

d'autres petits bouts de quartier
il y même des petits bouts d'endroits sur lesquels je peux grimper. oui, oui, j'arrive.
un chat!
les jours raccourcissent, l'automne arrive demain.
et au premier jour de l'automne vient mon anniversaire et son lot de chocolat, de cadeaux, de bougies. viendront ensuite la parole, les trains, le vélo, tata, grenade, le parc, la muir, les chats, oui oui, la peinture et la belle vie. largement de quoi remplir le prochain post. je vous embrasse et bonne année à tous!