mercredi 16 juillet 2008

cuillère carotte ou biscuit

Il est midi, le soleil souffle sur Fort Collins. Tout va bien, je grandis, je souris, je raconte, je chante, je grogne, je saute, je m'agite en tout sens dans un espoir de mouvement et je m'attaque à quelque lecture un peu sérieuse avec des lettres qui brillent. Tom Waits conte, le kid bat la pulse. Le moment idéal pour vous conter la suite de nos aventures dans la montagne. Souvenez-vous, on est quelque part le long de la Colorado river, des histoires de chercheur d'or murmurent entre les branches, maman approche d'une cabane abandonnée.
J'explore la flore avec ma grand-mère Françoise. Il ne faisait pas chaud là-haut et il y avait toutes ces herbes et ces trucs qui dépassaient et qui avaient des couleurs et de l'eau et des petites bêtes.
Et même des grosses bêtes. Regardez bien ces grandes cornes là-bas au fond à gauche de la photo. Là, juste avant la forêt. Un vrai truc de kid.
Après ça, on est rentré sous la pluie. Pas grand chose de plus à dire. Visitor center au bord de l'heure d'ouverture, pizzas, ville de far west, main strret, jour tire vers la fin. Diner, je grignote. Bien installée.
Mercredi est à peine haut dans le ciel clair quand notre navette démarre en direction d'un des nombreux toits de ce vaste monde. L'ascension nous amène vers quelques vues superbes.
J'en profite pour poser un peu avec maman et nos chapeaux.
Dans le fond on voit que la Colorado river a décidé de ne pas prendre le chemin le plus court vers l'océan.
Et puis je pose avec papa. Nettement moins fun semble-t-il.
Plus haut il y a un lac. Non loin nous traversons la mythique et néanmoins invisible ligne de partage des eaux.
La route débouche sur Alpine visitor à plusieurs milliers de mètres au-dessus du niveau de l'océan. Après un repas frugal et énergétique, j'embarque dans le sac à dos vert et papa m'emmène au point culminant encore un petit plus haut. Juste au-dessus de 12000 pieds et merci au système métrique. La pose de notre petite famille. Je dors déguisée en petit chapeau à fleurs qui dépasse du sac.
Et derrière le petit panneau on voit. Tout ce ciel et de la neige et de l'Amérique et des cailloux et des arbres et on ne devine même pas un océan plus loin.
Après avoir rêvé un petit peu depuis cet endroit tout en haut il faut entamer la descente. Mes grand-parents partent à pied, notre capsule blanche, pilotée par papa, descend par la route et nous amène sur l'exacte ligne invisible qui sépare les eaux de l'Amérique entre celles qui coulent vers l'océan Atlantique et celles qui termineront leur course dans le Pacifique.
Un petit goûter, très vite fait, et hop à nouveau dans le dos de papa, direction un peu plus haut à la direction des grand-parents qui se la coulent douce en descente. Et pour monter, ça monte. Tellement qu'on fini par rencontrer des plaques des neiges. Je rigole tellement devant un tel spectacle qu'il me vient des idées de grandes bouteilles en plastique en vide.
Il faut dire qu'elles sont plutôt sérieuses ces plaques de neige.
Finalement on fait un pause et mes grand-parents apparaissent entre les arbres. Un peu de neige sur les chaussures, en direct de la toundra des rocheuses. Et on redescend rejoindre Lou et Sandrine qui hésitent entre les océans.
Et puis c'est le début du soir sur le lac devant chez nous.
Maman rêve.
Je bricole une petite maison pour des colibris en peluche qui auraient des petits pois et la patience nécessaire pour faire partie de mes jouets.
La nuit approche sur cette partie du globe. Le ciel semble un peu plus grand.
Et on profite un peu de cette douceur avant de partir demain.
Le lendemain, notre vaisseau reprend l'ascension vers le point culminant de la US34, et cette fois, il nous amène de l'autre côté, vers l'est et la maison. Il y a d'autres montagnes et des lacs.
Même un petit troupeau d'elks qui profitent de la fraicheur d'un névé.
Pour le déjeuner, on est bien redescendu vers la Big Thompson. J'avale quelques petits pots à Beaver Meadows (mais on ne voit aucun castor) et puis je joue un petit avec Lou pour digérer et laisser mes parents manger leur sandwich.
La descente continue, Estes Park, Big Thompson river, Loveland et Fort Collins. Une petite pause à la maison en passant par whole foods pour le ravitaillement, et nous voilà repartis en direction de red feathers lake et notre seconde destination de vacances. En roule un peu dans la plaine avant de bifurquer à nouveau vers l'ouest et les montagnes, ça monte, le bitume disparait, les chalets sont immenses et on arrive: Mountain Top Hideaway. On est contents d'être là, il fait bien plus frais qu'en bas, la maison est immense et il y a une terrasse au milieu du 'wild'.
C'est l'heure de manger. Poivrons et courgettes grillées pour les grands, tétée pour le kid.
Relax dans le soleil couchant pendant que je découpe systématiquement un mouchoir.
Maman fait le clown avec mon chapeau. On profite du dehors, des smoked oysters et d'un prétexte bénédictin pour manger quelques tomates confites.
Un peu plus tard les grands mangent des steaks et je grignote un biscuit en rêvant des rêves à venir. Il y a même une chaise haute ici.
Le lendemain l'air est clair et chaud, une petite promenade tard dans la matinée nous amène sur le sentier d'une biche. Plein de fleurs, une rivière dans le fond et une brise légère. Je m'endors sur le dos de papa.
On rentre à temps pour manger un ou deux petits pots accompagnés d'un yaourt. Puis c'est au tour de tous ces adultes de manger. Ma tante Sandrine en profite pour m'apprendre une nouvelle bêtise. Si tu vois un verre en verre avec de l'eau à l'intérieur, tu plonges ta main dedans et tu éclabousses tout ce qui est autour de toi. Quand l'eau tombe par terre suivant un tracé aléatoire on peut imaginer une image de Pollock éphémère. Dit-elle.
L'après-midi il fait très chaud. Tout le monde, sieste, bulle, lit, guette les colibris et profite du calme rarement perturbé par un squand ou un 4x4.
En fin de journée, tout le monde embarque à bord de notre grande voiture blanche. On va à la ville. A moins que ce ne soit le village. A peine.
Il y a un post office. Lou en profite. Peut-être certains d'entre vous recevront une carte postée à Red Feather Lakes, Colorado. C'est rare.
Le post office est très idéalement situé au début de main street. Tout un programme, ça va sans dire. On y trouve tout ce qu'il faut, liquor store, (très) general store, un garage, de la glace et un médecin parfois.
J'en profite pour faire coucou aux alentours. Eh oui! Maintenant je sais faire ça pour répondre à un signe de la main. De l'autre côté de la ville (pas vraiment loin de main street en fait) il y a un autre faux antique qui fait un peu de general store.
Toute cette étendue urbaine nous laisse tous songeur face à un lac privé.
Pour nous remettre de nos émotions on va boire un coup en noir et blanc. Ça donne un caractère authentiquement historique à ce lieu montagnard qui abrite un bar et diffuse un matraquage en règle de Barak Obama sur Fox News. Je détruis 2 ou trois serviettes en papier pour manifester mon mécontentement. On ne rigole pas quand le kid va boire un coup dans un bar du far west.
En rentrant à la maison j'attaque un biscuit.
Et on mange tous à l'intérieur. Il fait trop froid ce soir.
Samedi matin, la montagne est superbe depuis notre porche de location.
Pas mal ce hideaway, non?
Notre petite promenade matinale nous amène le long d'un affluent de la Cache la Poudre river. Des fleurs, de l'eau des oiseaux.
Et même des papillons.
Plus tard on retrouve nos chasseurs de colibris. Cette fois, ils sont dans la boite.
Lou me donne à manger. J'adore!
A la fin du repas de la famille maman me fait goûter du citron vert. Je ne suis pas très convaincue. Est-ce que c'est ça qu'on appelle un euphémisme.
Pour me consoler Sandrine me donne une peau de banane. Je m'en mets partout. Formidable.Peu après m'être débarbouillée je repars avec mes parents. On rentre à la maison. Je retrouve ma chaise haute, mon lit. Je fais une petite sieste pendant que papa et maman s'affairent doucement dans la maison. Il fait chaud.
En fin d'après-midi, de nouveaux visiteurs arrivent. Tous droits sortis du désert, des hauts plateaux du Colorado et en direct du mall de Boulder. Corentin, Marie-Cécile et Jérôme sont arrivés au far west depuis une semaine et ils ont le regard plein de soleil brûlant. Tout le monde est très content de se retrouver après ces longs mois d'hiver. Je regarde ça avec le détachement un peu grognon dont sait faire preuve le kid. On sert des coups à boire.
Cette soirée de retrouvaille est joyeuse, tardive (pour les standards du décalage horaire). On fait des burgers et du mais au barbecue, on se raconte des histoires de désert et de ciel qui chauffe, je mange un biscuit en jouant avec une bouteille en plastique.
Dimanche matin on ne part pas très tôt manger un brunch au silver grill dans old town Fort Collins. On attend un peu en faisant un petit tour. Je suis sur le dos de papa. Il fait chaud, le café est clair. Tout le monde a trop à manger, des oeufs, des toasts french et américains, du bacon, du thé, et des petits pots pour moi.
Après ce petit déjeuner qui nous tiendra toute la journée, on fait une visite de old town à nos amis. Marie-Cécile se laisse tenter par l'argent et les turquoises. Tout le monde magasine un peu pour les enfants, c'est dimanche, il y a des soldes et quelques enfants auront des cadeaux.
L'après-midi est encore devant nous. Après avoir déposé le linge à laver, on va faire un tour à City Park. Pour changer. On discute, on se repose et j'analyse le routard.
Barbecue et cocktails. Dimanche soir à Fort Collins. La vie est belle.
Le lundi matin on part quand on est prêt en direction du canyon de la Cache la Poudre river. Ce jour-là on monte tous ensemble randonner vers Grey Rock. Ca ne monte pas trop au début, c'est juste un peu raide à la fin qu'il disait. La preuve, au début de la marche, on a tous l'air joyeux. Le kid est sur le dos de papa, comme il se doit pour une marche un peu sérieuse.
On peut voir des françaises dans le wild.
Après un peu de montée et quelques pauses ombragées, la vue se dégage. On est content de voir ça.
Et puis c'est bientôt l'heure pour le kid de manger, yaourt et petits pots pour changer. Pas de chance la chaleur a été fatale au yaourt. Et en plus, mon papa m'a réservé une bonne surprise: il a oublié les bavoirs et la cuillère. C'est là que l'imagination et le système D de toute notre petite troupe se met à échafauder des plans de cuillère de secours les plus farfelu. On commence par une carotte un peu incurvée. Je ne suis pas convaincue et maman me donne une tétée. Et puis vient la bonne idée: la cuillère biscuit. Là, je veux bien, merci maman. Alors je mange un pot de banane en dessert.
Pendant ce temps-là tous les grands mangent chips, tomates, carottes, salami, sheddar et concombre. Une sorte de festin d'altitude avant d'attaquer la dernière portion de l'ascension. Il faut encore qu'on avance pour arriver au pied du rock, là-bas.
C'est là qu'on se sépare: les garçons montent en haut du caillou, les filles restent en bas à les regarder en papotant. Mais avant ça, une petite photo au pied du caillou. Plutôt penché ce groupe.
Papa, Jérôme et Corentin montent. Enfin, tout ce qu'on sait c'est qu'on les a vue disparaitre derrière le caillou, et ils ont ramené quelques photos qui ressemblent à des photos du haut de quelque caillou.
Pour la descente, je pars en avant avec maman et Marie-Cécile. Les garçons nous rattrapent finalement, et maman en profite pour me poser sur le dos de Corentin.
Ça papote, ça descend, on a soif et on est tous content d'arriver. Le premier gallon d'eau disparait très vite. A défaut de chaise haute, mes parents m'assoient sur le parking. Pas grave, j'engloutis deux petits pots et un yaourt avec une joie non dissimulée, à part quelques projections de pur plaisir (évidemment).
Arrivés à la maison, douche pour tout le monde et pause dans le 'jardin'.
Et on ressort. Ce soir on mange en ville. Essai du roof top patio. L'endroit est chouette.
Parfait pour le kid qui mangera une tétée plus tard de toute façon.
Et pendant que les steaks sous toutes les formes sont en train de cuire, je m'attaque à quelques serviettes.
Rien ne m'échappera.
Jérôme, épaté, surveille l'ouvrage.
Une fois à court de papier, je les regarde manger et j'écoute ce garçon avec sa guitare qui chante un peu trop fort. Le jour se termine. En France il y a eu des feux d'artifice. Ici, on se couche tous bien fatigués après notre marche en montagne.
Le lendemain, papa va travailler, Corentin, Marie-Cécile et Jérôme montent à Rocky Mountain National park pour trois jours. Seules à la maison, maman et moi retrouvons nos marques entre le tapis, l'herbe, le park et nos livres. Une bête inconnue perturbe un peu notre après-midi. Ça reste un mystère.
Mercredi on fait un gateau au chocolat toutes les deux. Devinez quel était mon rôle dans cette recette.
Et puis, je gazouille, j'ai de plus en plus envie de me déplacer, quitte à me jeter en avant vers un risque de chute plus ou moins brutal, je rampe, je pousse, je me glisse un peu, j'essaie de me lever. Bref, je fais beaucoup d'efforts et d'exercice. Il semble que le moment sera bientôt venu pour le kid d'aller explorer seule le monde au delà du tapis.

Aucun commentaire: