-- plan large, Welton, soleil, poussière blanche, saguaros érodés, ville de profil
-- cadre sur le kid, intérieur brouillé, jour
Voilà 3 jours et 3 nuits que la poussière défile et tourbillonne à travers la ville aveuglant les chevaux et renvoyant tous les habitants de cet endroit perdu au fond de ce qui leur sert de maison, de chambre, de saloon, de quincaillerie, de remise, de prison, de grange ou de salle à manger. Trois jours et trois nuits, coincée dans ce point du désert de Sonoma. Trois jours à regarder le vent pousser le désert et trois nuits à trainer dans le saloon en écoutant le vent souffler entre les lattes du porche. Si proche de Yuma, c'est vraiment trop bête. Josey et Lone Watie doivent me maudire à l'heure qu'il est. On devait se retrouver pour filer vers la sierra nevada. Le bruit de l'or et le chant de l'argent facile ont sifflé jusqu'à nos oreilles errant dans le Colorado.
Et me voilà coincée avec 31 cartes et pas assez d'eau. La mesa des trois soeurs me semblent bien lointaine et Yuma est perdue quelque part au delà de ce mur brûlant qui s'élève au bout de la rue.
Alors je regarde et je lis, patiente. "les blogs peuvent s'apparenter à des hypomnêmata qui sont, en tant qu’actes d’écriture de soi, une modalité de constitution de soi. Ainsi, l’écriture des hypomnêmata constitue en quelque sorte “un passé”, vers lequel il est toujours possible de faire retour et retraite."
J'ai bien le temps de réfléchir à tout ça pour oublier toute cette poussière et cette fièvre de l'or. Mon cheval fixe un regard brûlant sur un point blanc qu'on distingue parfois dans la tempête et je pense à cette "constitution de soi". Je repense à toutes ces histoires vécues au cours de l'automne dernier, à l'émiettement des évènements que constituèrent toutes ces aventures qui me menèrent à Welton, Arizona au moment précis où commençait la plus grande tempête de sable qu'ait connu l'agent du télégraphe, et il est vieux ce télégraphiste. Je décidai que si j'atteignais Yuma avant l'hiver, je prendrais le temps d'écrire un nouveau post.
Alors voilà.
Voilà un nouveau post. Un post avec des aventures du kid bien à l'est de Tucson. Au delà même de l'océan. Tout commence là où le dernier post s'est arrêté.
Uu retour de notre ballade au bord de la mer, nous avons continué à installer notre nouvel appartement et j'ai eu un an. C'était encore un peu chaotique, mais le meuble monté nous aidait à voir une fin possible à tout ce bazar.


Il fait beau ce jour là. C'est un samedi. Le 20 septembre 2008. Le vingt-et-unième siècle est bien entamé et je commence par jouer un peu avec 2 arrières grand parents qui ont traversé une bonne partie du 20ème. La ruée vers l'or de Charles Chaplin, The new frontier de H.P. :c Clure. Il y a des pinces a linge.















Nous sommes rentrés dans notre appartement rennais et bientôt l'automne a commencé.
Evidemment, dit comme ça, 'l'automne a commencé' ça a l'air plutôt douillet, et chaleureux. On imagine bien les couleurs vives de la lumière rase, la cueillette des champignons, les premiers feux dans la cheminée, la redécouverte des joies du thé chaud et des biscuits le dimanche après-midi avec les copines. C'est une expression qu'on pourrait retrouver dans un livre pour enfant pour évoquer le début d'une période calme , d'une transition tranquille vers un hiver rigoureux.
Eh bien pour nous c'était un début d'automne tout sauf calme. La lumière était belle, mais à part ça, c'était plutôt chaotique. Mes parents ont commencé par m'abandonner à la crèche. D'abord quelques heures, puis toute la journée. Un endroit coloré et bruyant quelque part au nord d'ici (déjà le nord, ça veut tout dire, dans le genre point cardinal duquel il faut se méfier, ça se pose là). Puis maman a commencé à partir le lundi matin avant l'aube pour ne revenir que le vendredi soir. Elle était au sud. A Lyon apparemment, pour une formation de contrôleur du trésor. Papa et moi on est resté à Rennes, biberon, bus 19, crèche, bus 19, diner. On appelle maman sur skype, les jours raccourcissent. Bref, je vous passe les détails, c'était pas spécialement rigolo. Même pour un kid qui a déjà trainer son biberon dans le désert et sur les sommets des rocheuses, la crèche et maman loin, ça fait beaucoup.
La première semaine de novembre, on était tous les 3 à Paris a faire plein de trucs. Michel et Anne était là pour me garder pendant que maman apprenais à ne pas regretter sa carrière au trésor public et que papa s'occupait aux quatre coins de la ville. Tous ensemble, mais pas très reposant.
Et puis, fin novembre, l'automne a semblé vouloir s'apaiser. Maman a arrêté d'aller à Lyon pour commencer un nouveau travail à Rennes, juste à côté de la crèche. Un travail qu'elle avait trouvé un peu par hasard et un peu grâce à l'intervention plus que bienvenue de Myriam. Merci Myriam.
Voilà pour le résumé de l'ambiance générale. On est aussi allé à Paris pour que papa et maman aillent voir un concert d'Arthur H et quelques expos, on a fait un petit détour par Necker au passage parce que dans ce tourbillon de nouveaux évènements j'avais appris que j'ai un souffle au coeur. La santé, on passe. Et puis on a fait plein de trucs à Rennes.
D'abord, notre appartement est devenu un vrai appartement petit à petit, au fur et à mesure qu'on enlevait des cartons.

















On va aussi se promener au canal Saint Martin. Il n'y a pas de jeux pour les enfant mais il y a de l'eau et des bateaux et je peux m'entrainer à marcher.





























C'était un soir de décembre, le blizzard soufflait dur au pied des rocheuses, bear claw s'est réfugié au fond de sa tannière en attendant le retour des grizzlys et on est tranquillement à Rennes. Dehors, un peu de vent, pas de quoi soulever la poussière marine, je suis en pyjama. 18 décembre, noël première partie.
Je reçois des cadeaux. Cette robe est vraiment géniale. Rigolade.


Je ne me souviens pas d'avoir fêté noël. Et pourtant, en cherchant bien dans ce blog, je pourrais bien trouvé des traces d'un autre noël, il y a bien longtemps, ailleurs. Bref, profitons de l'instant présent. Tout est beau et pourtant il y a ce petit bruit dans mon oreille gauche. Pénible. Je ne tarde pas à aller dormir. Les lumières seront toujours là demain.















Il fait beau et on prend la route après manger, direction La Rochelle dans notre belle voiture toute bleue louée pour l'occasion. Il n'y a personne sur la route, on file, il fait froid, je dors. `3 heures plus tard on est arrivé.
Noël, troisième partie. Ca commence par une visite chez soeur aînée. Plein de monde et du gâteau au chocolat. Et puis le soir revient et il y a de nouveaux cadeaux. Même qui est arrivé par la Poste directement à Aytré. Très mystérieux. Anne fait durer le suspense, je suis impatiente. C'est une poupée avec des cheveux.
Je jette mon dévolu sur un paquet de sachets de tisane après avoir démonté le tas de magazines. C'est bientôt l'heure d'aller dormir et de laisser les adultes se régaler une nouvelle fois. Mes parents entament une longue cure de foie gras cuisiné par Michel. Dure la vie?
Le lendemain j'entame une longue série de réveils à 9 heures. A la plus grande surprise et pour le plus grand bonheur de mes parents.



Matinée tranquille entre magazines, legos et déplacements de petits meubles. Le midi je me régale et l'après-midi on part à La Rochelle.
Il fait très beau mais très très froid. Je me rhabille presque comme au Colorado.
Et on retrouve Franck, Valentine, et Sacha. Depuis le temps que j'attendais de rencontrer Sacha, voilà qui est fait. C'était une belle journée. ON a marché un peu et puis on s'est réfugié dans la chaleur d'une crêperie bizarre. J'ai rapidement laissé tomber mn pot de fruit pour la crêpe au chocolat de maman. Etonnant, non?
Le lendemain il fait toujours aussi beau et au moment où le soleil est le plus haut nous décidons de sortir.
Une petite visite à mon arrière grand mère. J'en profite pour faire quelques pas sans filet. Maman fronce les sourcils, on va acheter des chaussures pour le kid.
Et on rentre. Après un petit bain et dîner léger, je mange un gâteau debout. Une nouvelle habitude pour marquer le caractère exceptionnel de ce moment de l'année.
Dimanche, je fais encore un peu d'exercice, mais j'attends encore pour marcher.






Et puis il est temps de reprendre la route direction Rennes. Noël c'est fini. On repart avec quelques trésors. Je dors, une petite pause à la sortie de Nantes. Le temps de 2 petits suisses et une compote dans une station service et on repart.
Début de semaine tranquille. Je reste à la maison avec papa et je profite de ma nouvelle table dés le petit déjeuner.
Et puis je joue, je déménage, je déboîte, je vide, j'empile, je me déplace. On se promène un peu aussi pour profiter de l'air froid.
Je bouquine aussi un petit peu.
Et l'envie me reprend de découper des mouchoirs en mille morceaux. La saison certainement. Ils sont de plus en plus petits et ils sentent l'eucalyptus. Les jours passent.
Et la fin de l'année 2008 arrive. On va à Acigné. Papa et maman me laissent et partent avec Jérôme. Ils passent la soirée à Saint Malo, je suis à Acigné avec Françoise, Jacques, Annie et Yannic. Personne ne saura à quelle heure je me suis couchée. Je me réveille en 2009.
Papa et maman reviennent à l'heure du goûter. Ils sont un peu fatigués et contents d'avoir revus leurs copains. Un plus tard, la famille Baudry Comor de Normandie arrive. Il y a aussi Flavie, une grand petite cousine qui marche et qui sait parler la langue de nos parents.





Papa et maman reviennent à l'heure du goûter. Ils sont un peu fatigués et contents d'avoir revus leurs copains. Un plus tard, la famille Baudry Comor de Normandie arrive. Il y a aussi Flavie, une grand petite cousine qui marche et qui sait parler la langue de nos parents.
Les adultes mangent un peu plus, je joue avec tout ce qui bouge et je fais des grands sourires.
Et puis on rentre chez nous.
Une petite réinstallation a eu lieu juste avant 2009. Maintenant on a un coin salon.
Je découvre ce nouvel espace pour toutes mes cartes.
Et j'éparpille un peu, histoire de prendre toute la dimension de ce nouveau coin.

Il y a aussi un nouveau meuble dans lequel mes parents ont réservé une étagère pour mes livres. Je n'ai pas mis très longtemps à la découvrir.
Vous l'aurez deviné, la tempête s'est finalement arrêtée sur Welton et j'ai pu rejoindre Yuma avant l'hiver. Trop tard malgré tout pour rejoindre Josey et prendre la route de la Californie. Je me suis donc arrêtée quelque jours pour rédiger et humecter toute la poussière avalée dans ce coin oublié de l'Arizona. J'ai attendu encore un peu et voilà qu'une toute nouvelle année s'ouvre devant moi. Cette année je marcherai, je trouverai de l'or, je rigolerai encore et encore, je danserai sur les airs de John Coltrane et d'un bus qui traverse l'Amérique, je raconterai des histoires aux catalogues de vente par correspondance, aux enveloppes vides, aux vitres de bus, à mas parents, à Mme Gautier, à Eva et au grand piano, j'apprendrai encore, je chanterai encore, je regarderai encore, je sentirai encore le vent soulever la poussière et chahuter l'océan, je rêverai éveillée et je dormirai à l'envers.

Je vous souhaite à tous une année 2009 rock n roll et stroboscopique, radieuse et debout.
