Je me relève, la terre est proche et chaude, elle est dure comme une scène frappée de trop de mots à consonance solaire. Je me relève et j’ai un nouveau bleu sur un genou et je repense un instant au bleu précédent, apparu quelques heures auparavant au détour d’une histoire de balançoire qui aurait dansé sous trop de paillettes pour garder le cap. J’y repense un instant.
Et je repars, en courant, comme si un train pouvait chanter plus fort qu’un crooner enfumé sur Lucinda’s boulevard. Comme si l’océan allait surgir, immense et rauque, juste après l’ombre parfumée d’un cerisier en fleur. Je cours encore un peu juste pour me souvenir de ce train qui surgit de Shanghai dans un nuage de neige le soir où ce cow-boy mandchou au nom de pâtissier m’enseigna l’histoire d’une mule qui avait trouvé le tunnel qui permettait de traverser la nuit sur le dos lisse d’une hélice acidulée. Cette mule qui descend dans les couloirs sombres du crépuscule à la recherche d’un dernier biberon et puis qui se glisse l’air de rien dans l’entrebâillement d’une porte qu’elle est seule à emprunter. Je cours encore un peu. Juste un peu. Le temps de laisser ce cow-boy me conter un nouveau mythe. Un tout petit mythe, pour courir un tout petit peu. Un mythe à la couleur brûlante d’un harmonica qui hurlerait à l’astre marin. Un petit mythe polymorphe qui saurait traverser les réseaux vitaux d’un kid à la recherche du bord. Un petit mythe mandchou qui voyagerait au cœur des nuages de poussière rouge qu’on croise parfois sur les parkings craquelés de neige ou à la fermeture du square quand j’aurais tellement voulu monter une dernière, une toute dernière c’est promis, rien qu’une dernière fois sur le toboggan. Un mythe si petit qu’il pourrait souffler sur mes bleus. Un mythe de poche. Je cours. Il raconte. Vite, mes jambes s’emballent. Je ris de la sensation de déséquilibre. Bientôt je m’arrêterai et je connaitrai une nouvelle histoire. C’est le mystère de la course. Tu pourrais littéralement sauter à la rencontre d’une égratignure céleste. Mais ce n’est pas pour ça que tu cours. Encore un tout petit peu. C’est le côté lumineux de la course. Tu cours encore pour apprendre une nouvelle histoire. Celle de cet acrobate qui traverse la ville sur une bulle à carreaux rouge et blanc. Celle de ce grand type qui attend un bus qui viendrait du bayou si seulement il n’avait pas décidé d’embarquer 2 bisons et un pompiste non loin du golfe du Mexique. Celle de cette dame qui est toujours là avec des macarons au chocolat et qui rêve d’ouest groovy et moite. Celle d’un train qui aurait élu domicile à l’arrière d’un hôtel à vendre depuis plus longtemps qu’un enfant peut se souvenir. Celle de la nuit où Elvis est mort, disparaissant dans un orage bleu et laissant ouverte à tous vents la porte d’une légende clignotante. Celle d’un chauffeur train qui lirait des costumes mongols à ces heures perdues. Celle d’un mythe que je pourrais plié en quelques petits carrés de papier assoupli tellement il aurait été déplié.
Et puis je m’arrête de courir. L’espace d’une page qui tourne je reprends mon équilibre. Je remets mon chapeau en place. La rue est calme. Je me souviens du toboggan et du paysage flou derrière la fenêtre d’un train qui fonce vers une maison. Je me souviens d’une histoire que je n’ai pas encore entendue. Je me souviens d’un mouvement que tout le monde a oublié. Comme si j’avais décidé de lui donner une seconde vie. Pour toutes les danses dont on se rappellera peut-être.
Je m’arrête vraiment. Campée sur mes pieds aux signaux ultra fréquents. Mon regard se porte sur une fleur qui n’est pas visible. Je suce ma lèvre du bas. Mon chapeau est tout ébouriffé de course. Je me souviens un peu plus fort. Raphael et Rayan à la lumière étrange de super U. Un morceau de pain que poupée n’a pas voulu manger. Papa qui ouvre les rideaux. Tata qui chante sur un disque de Johnny Cash. Rayan qui fixe un point juste derrière une bille rouge semblant flotter devant ses yeux. Maman qui chante. Raphael qui court vers l’ouest. Un vélo qui salue un couple de trains. Maman prend ma main pour traverser la rue. Un caillou parmi tous les cailloux que je ramasserai.
D'abord vint Noël. Des jours courts, des nuits scintillantes, des décorations, des cadeaux et parfois un sapin qui clignote. Noël ça se fête. Une fête qui prend des formes multiples et qui se décline dans de nombreux endroits. Commençons par La Rochelle où Noël va avec sapin, champagne, jouets, homards et une nouvelle poupée. Je vous avais dit qu'il y avait des cadeaux.
Et bien voilà. Dans cette grande boîte rose il y a une poupée pour le kid. Une grande poupée avec de longs cheveux. Une vraie dure qui accompagnera le kid à travers de nombreuses nuits tumultueuses. Celle qu'on connaîtra plus tard sous le nom de 'grande poupée' et qui partagera mon attention avec 'petite poupée' et plus tard 'bébé'.
Anne et Michel était au Vietnam peu de temps avant Noël. Ils ont fait un grand voyage très très très loin du Pecos et en ont ramené quelques trésors et ces cache-nez un peu étrange. De circonstance en cette fin de panique planétaire face à une forme de grippe du début de l'alphabet et en présence d'un rhume carabiné pour mamie Anne.
La mare n'est pas gelée et, en se couvrant bien, on peut nourrir les poissons. Le ciel est clair. On peut aller faire un petit tour.
Quelques jours plus tard c'est toujours Noël. Tout du moins est-il encore temps de fêter Noël avec un peu plus d'excellents repas et des cadeaux. Bien sûr. 'La grenouille' qui deviendra un hit quotidien dans les premières semaines de juillet et des livres parce qu'il semble qu'on ne puisse jamais en avoir trop. Ou en tous cas je n'ai pas encore réussi à remplir mon grand lit rien qu'avec des livres.
tata Sandrine est là. Bon pour le petit dej
et la marche à pied. Direction le parc. Avec des bottes et un bon manteau. Pas de quoi effrayer un kid qui a vu le blizzard aux confins de l'Oklahoma. Mais quand même, soyons prudents.
Le fleuve a débordé, transformant ainsi un banc en une île éphémère et la prairie en éponge.
Fort heureusement les jeux ont été épargnés et c'est l'occasion pour le kid de s'adonner à quelques nouvelles aventures pour clore cette année 2009.
Mains dans les poches. Bottes jaunes. Ciel d'hiver. Je pense à Sundance. Une année, c'est un long cycle. Diablement long. Un cycle au cours du quel tu peux chevaucher les mustangs du Thabor et écarquiller tes yeux d'enfant sur un océan brillant de ciel et de soleil. Un cycle au cours duquel tu peux apprendre à courir jusqu'à en perdre haleine et dormir jusqu'à oublier où est le haut et où sonne la musique. Un cycle au cours duquel tu peux voir des bribes du monde et passer des dizaines de fois exactement du la même plaque d'accès au circuit. Un cycle au cours duquel les dents poussent, le vent se lève, le kid apprend à marcher, la babille devient mots, une chambre se transforme. Un cycle dont on ne voit pas la fin. Un cycle qui reprend à la seconde même où il se termine.
Et voilà, c'est reparti. Cette année a un nouveau numéro. Un nombre plus grand que tous me livres empilés avec quelques cubes par dessus. 2010. J'ai sauté d'un cycle à l'autre en compagnie de Françoise, Jacques, Annie et Yannic. Papa et maman ont veillé tard avec Antoine, Jérôme, Anne-Gaëlle, Myriam et Thomas.
Et voilà on peut y aller. Le ciel se dégage, j'apprends à pédaler.
Rien de tel qu'une petite visite à la bibliothèque pour passer un bon dimanche après-midi. Alors voilà le chemin. En sortant de la maison on part vers le collège et on descend un peu la rue des ormeaux. Ensuite on prend à gauche, à droite, on fait attention en traversant la rue, je monte les escaliers en donnant la main et on arrive à la gare.
Super! Il y a des chauffeurs train, des voyageurs et même des escalators. On traverse, on ressort de l'autre côté, attention aux voitures, on court et on est arrivé.
C'est même encore un peu Noël à la bioquète.
Début janvier il y un peu de neige sur Rennes. L'hiver s'installe. Une nouvelle saisons démarre.
Une saison plutôt froide et humide. Parfaitement propice à l'intérieur.
Et l'intérieur chez nous c'est comme ça.
Ca commence par une cuisine, ça continue par une grande table où on peut faire plein de choses comme dessiner, la pâte à modeler, lire, manger, travailler, des blagues, des colères, boire, jouer, changer la poupée, et au bout il y a ce grand espace où on faire encore plus de choses et c'est là aussi où il y a des livres, des ssin-nimés, des films, de la peinture et encore un peu plus de toutes ces choses fabuleuses.
Alors cet hiver j'ai lu.
J'ai aussi fait le clown.
J'ai joué du rock'n roll.
Maman m'a appris à faire des gâteaux au chocolat
J'ai regardé des ssins-nimés.
Parfois dans des conditions extrêmes.
Coucou Benoit et Cédric!
et même un peu avec mamie Anne.
Tous les jours je sortais pour aller chez tata et je sortais même des fois juste pour aller me promener.
Il y a des jours où le désert de Sonoma est plus froid que le vent d'hiver qui souffle sur Duluth. Et il a des jours où le petit parc à côté de chez nous est couvert d'une fine épaisseur de neige.
Félix et Corentin et Marie-Cécile sont passés nous voir cet hiver. Ils étaient là avec le nouveau petit frère de Félix qui s'appelle Armand.Quand je ne restais pas chez moi, j'allais faire des tours à vélo avec papa. Parce qu'à noël papa et moi avons eu un nouveau vélo, grand, pas cassé, bleu et qui fonce. On se couvre bien et on va se promener.
On croise le père noël à côté de l'écluse.
On revient sur le quai St Cyr là où on peut voir beaucoup de bateaux, où on peut regarder les gens qui courent et les chiens qui marchent.
Il y a aussi des feuilles par terre. Des grandes tombées des arbres.
Avec une flaque d'eau et une plaque d'égout ça fait un super jeu.
On a passé un week-end à Stervilin fin janvier pour fêter l'anniversaire de Lou.
On en a profité pour voir des bateaux.
J'ai accompagné les adultes dans un super restaurant qui est capable de servir des pâtes pour le kid.
Pendant ce temps maman dégustait un truc très beau
Et un autre.
Le lendemain il a fait très beau sur la plage
Alors on s'est couvert et on a foulé le sable. Le point rouge sur la plage c'est le kid.
Il faisait tellement beau qu'on a grillé la viande dehors, au soleil, plein sud, direction la chaleur et le nouveau-mexique.
Et puis j'ai aidé Lou à souffler ses bougies, 8 et quelques. Ce qui compte c'est le chocolat qui est en-dessous.
Peu de temps après il y a eu un autre anniversaire, et pas des moindres: maman a eu 30 ans.
On est tous allés au restaurant, certains pour manger
et le kid pour lire
A la maison maman a soufflé plein de bougies
Je l'ai même un peu aidée
Myriam aussi a eu son anniversaire cet hiver. L'occasion de jouer avec Lubin
et de souffler un peu plus de bougies
On est même sortis au square.
Un jour il a fait tellement beau qu'on a décidé d'aller voir la mer à Saint Malo.
La piscine se fondait dans l'océan
Et on était bien couverts pour profiter du soleil.
Cet hiver c'était aussi la saison pour retourner tout le jardin et essayer de faire autre chose avec au printemps.
Une saison bien occupée à apprendre un peu plus en quelque sorte.
dimanche 11 juillet 2010
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