dimanche 3 mai 2009

Vacances, lunettes et lumière

Quand le temps prend un cours qu’on peut suivre en marchant, que les trains prennent la direction du sud et que la lumière inonde les journées d’hiver, l’instant des vacances est presque palpable.
La dernière semaine de février je suis partie en voyage avec papa et maman, direction Pau puis les Pyrénées. L’occasion de plein de choses merveilleuses : revoir nos copains qu’on n’avait pas revu depuis presque une vie en ce qui me concerne, observer un frère et une sœur, améliorer mon équilibre à pieds, découvrir des textures piquantes, accidentées ou froides, respirer à nouveau l’air des montagnes, l’altitude, l’air sec, le froid et le soleil, manger local, dormir tard, photographier, penser au temps, dormir dehors, s’emmitoufler, faire l’apprentissage du monde au-delà de barbapapa.
Nous sommes descendus en train, mélange de sommeil, de marche en équilibre sur le roulis et de sieste. Départ avant l'aube et petit déjeuner à bord du premier train de la journée. TER région Bretagne, très chic.
Première correspondance, Redon. Splendide comme dirait Shatzy. Samedi matin, le quai en béton ne grince pas dans le vent, tout le monde semble endormi. Un point rose serti de vert attend. C'est le kid dans une tenue d'hiver.
Et puis on repart. Prochain arrêt Bordeaux. Le temps de s'installer, de sortir quelques livres et même d'explorer l'allée en tous sens, retour et on recommence. Au début c'est même plutôt drôle.
Changement à Bordeaux. La journée semble déjà bien entamée, et la fatigue commence à se faire sentir. Encore un coup de TGV, un arrêt au milieu de nul part, la traversée des Landes bien chahutée, un peu de monde.
Et on arrive à Pau, à peine 9 heures de train et Antoine est là pour nous accueillir. Un petit trajet automobile, un petit détour par Géant, et nous voilà arrivés dans la nouvelle maison de nos amis. Je découvre de nouveaux livres et un nouveau lit. Ça fait du bien d'arriver.
Le lendemain, le temps est magnifique et c'est bientôt l'heure de repartir vers la montagne. Juste le temps d'une ou 2 histoires et un peu de balançoire.
Et on prend la route dans la voiture verte. Je ne tarde pas à m'endormir alors qu'on se rapproche de la montagne.
Une heure plus tard, on arrive à Villelongue, au gîte qui nous abritera une semaine. On déballe, on découvre, on court, il y a même un escalier, des chambres, une salle de bain pour torturer les cow-boys dans des bains avec plein d'eau propre à l'intérieur.
Et on peut même langer dehors. Les vraies vacances en quelque sorte.
Côté cour.
Et côté mer.
A l'heure de la sieste Abel préfère prendre le soleil et dessiner sur des peaux de clémentine. Et c'est l'endroit idéal pour laisser libre cour à cette envie.
Papa quant à lui part explorer le village au-dessus du gîte. De la montagne et des pierres.
Et même un petit peu d'usines pour tirer parti de toute cette eau qui coule tranquillement au milieu.
En fin d'après-midi tout le monde se réveille et on va se promener à Argelès Gazostes, ou se qui ressemble à une ville. Petit détour pour louer des raquettes et on y est. Vue superbe.
D'autant plus superbe pour les 2 qui ont su trouver les meilleures places pour la ballade.
On y est Abel! Le kid te salue.
Le parc d'Argelès offre de nouvelles expériences tactiles pour mes expériences de marche à pied. Ce sol ferme absorbant les chocs m'intéresse au plus haut point. Ah oui, il y a aussi des jeux, pas si intéressants. Le soleil est parti voir de l'autre côté des montagnes nous laissant un peu gourds. Hop, on s'active.
Un pied devant l'autre et je recommence malgré toutes les épaisseurs qui me protègent du froid. Pas très plats tous ces graviers, mais je tiens bon. L'avantage de marcher lentement c'est que maman a le temps de regarder le paysage pendant que je m'entraîne.
Un peu plus loin on rejoint Anne-Gaëlle, Abel et Antoine qui sauter Anouk extrêmement haut. Je m'arrête et j'observe. Ce petit point rose au milieu du parc crépusculaire, c'est mon manteau. A l'intérieur le kid croit se souvenir de chaleur et se demande comment se serait d'être tout là-haut à toucher les branches de cet arbre immense.
Et on repart.
Bain ou pas, là n'est vraiment pas le problème: pas de bain, aucune raison d'y penser, bain aucune raison de s'attarder sur la colère noire et les cris de fureur du kid. Toujours est-il que la soirée est un moment propice à quelque visionnage familial d'un épisode de barbapapa ou d'Azur et Asmar. Après ça, on mange un peu, je me retrouve un peu seule avec une bande d'adultes quand mes copains vont dormir et puis c'est la nuit. L'air, la lumière et l'altitude: je dors bien.
Le lendemain, c'est notre première sortie en montagne. Tout le monde se couvre jusqu'au bout du nez. On prend un peu la route, et on monte. D'abord, l'herbe devient plus jaune, pui la neige apparait dans les prairies, puis le brouillard s'épaissit et on devine des piles de neige sur les toits, puis on ne voit presque plus la route bordée de beaucoup de neige, puis la route s'arrête.
On descend de voiture et ça semble se lever. Le temps de pour le kid de mettre ses toutes nouvelles lunettes de soleil, en plus de ses 2 pantalons, ses 2 t-shirts, ses gilets, son blouson, ses bonnets et ses gants. Autant vous dire que je ne peux PAS tenir debout. Je passe donc du siège auto au sac à dos vert, prête à suivre et acceptant toutes ces pelures sans mal.
Et puis ça se lève vraiment! Nous découvrons alors qu'à la place du brouillard il peut y avoir des montagnes enneigées et de la lumière.
Il peut même y avoir du ciel bleu et paysage de montagne grandiose. Nous découvrons également que nous sommes tout en haut de la montagne et le paysage est complètement panoramique. On part tous à raquettes, sauf Abel et moi bien sûr, profitant sans vergogne et avec lunettes noires, des dos paternel. On profite du paysage blanc et bleu au rythme de la marche.
C'est beau, mais c'est dur de marcher dans la neige, et l'altitude coupe un peu le souffle. Alors on fait une petite pause photo, gâteau, crème solaire, eau et dodo pour le kid.
Même si on est en haut de la montagne, on peut aller encore un peu plus en haut. Antoine et Abel n'hésitent pas à attaquer des pentes qu'aucun marcheur n'a jamais foulé depuis la dernière chute de neige.
Et puis tout le monde redescend, des souvenirs de montagne et de soleil plein le dos et les yeux. On enlève nos lunettes noires et nos différentes pelure contre le froid. Puis c'est l'heure de déjeuner, de faire la sieste, de buller, griffoner, goûter, marcher sur de nouvelles textures, et profiter du soleil.
En fin de journée je pars avec les filles voir les magasins d'Argelès et les garçons vont au supermarché. Abel fait les courses.
Le lendemain est une journée qui ne mérite pas beaucoup d'histoire. Il fait gris le matin et ça ne se lève pas. On marche dans le brouillard, ça monte dans les arbres, pas grand chose à voir. Et puis on passe l'après-midi à régler des problèmes de voiture. Rien à dire. En fin de journée je joue à côté d'Abel, avec ses crayons pendant qu'il profite de mon téléphone. Échange de bons procédés.
Mercredi tout ça s'arrange. Le ciel est superbe dès le matin. La montagne devant la maison est magnifique, du bleu et du blanc et la forêt. A peine réveillée je mets un pied sur le balcon pour profiter de la lumière. Un bon petit déjeuner et puis nous voilà partis vers la montagne et les raquettes.
La route remonte une vallée vers l'ouest, puis bifurque plein nord et une série de lacets pour nous ramener là où nous étions hier, la vue en plus. Et quelle vue.
A peine arrivés au bout de la route, j'enfile mes lunettes de soleil, mon pull, mon gilet, mon manteau, ma deuxième paire de chaussette, mon second pantalon, mon premier bonnet, la crème solaire et mon deuxième bonnet. Et hop! je suis prête.
Je me dégourdis les jambes, un adulte achète un forfait qui est gratuit, je saute dans le sac vert, papa enfile ses raquettes et la montagne est à nous. le chemin avance tranquillement dans la forêt et s'ouvre sur une vue de la vallée. Anne-Gaelle et Anouk arrivent, vaillantes. Et puis Antoine et Abel dans la luge.
Je crois que c'est un bon moment pour une petite sieste. C'est aussi le moment d'une photo de famille devant la vallée.
Le soleil continue à briller haut pendant toute la promenade et le midi tout le monde peut profiter des transats roses et oranges très bien assortis à mon bonnet violet pour le pique-nique. Qui a dit que je n'avais pas le droit de manger des chips?
Après ça, Anouk et Abel semble prendre le plus grand plaisir à sauter et rouler dans cette substance brillante et froide qui nous entoure. Je les observe au-dessus de mes lunettes noires et j'essaie de comprendre l'engouement de mon entourage pour cette texture qu'on appelle neige et sur laquelle je ne veux même pas poser le pied. L'asphalte et le carrelage, what else? (comment ça cette référence à nespresso revient souvent dans ce blog? Vous ne trouvez pas George Clooney extraordinaire?). Voilà des supports fiables et propices à la marche et aux expériences pédestres. L'herbe, le sable ou encore la neige, je ne vois pas trop ce que je pourrais y trouver.
Toujours est-il que mes camarades rigolent bien avec leur maman et ça me plait.
Arrive l'heure de la sieste et mes parents décident de ne pas rentrer tout de suite. Je trouverai bien un endroit où poser ma tête pour dormir, on s'aventure un peu plus loin dans la vallée à la recherche de la maison du parce national des pyrénnées. On trouve un petit village, des maisons en pierre, des prairies et des murs, la montagne qui environne, une rivière claire, un pont et devinez quoi? Quelques spécialités culinaires, comme par hasard. Saucisse, pain et fromage. De quoi contenter mes parents et tous nos amis.
La journée continue, le soleil disparait derrière la montagne, la planète continue de tracer une courbe dans l'univers et je me demande comment échapper au bain. Azur, Asmar, Abel et Anouk racontent des histoires, je joue avec des couleurs et des sacs, je mets un pied devant l'autre et je recommence, les adultes préparent à manger en parlant, je cherche le chocolat sans en avoir l'air, j'enlève mon pull, il y a du monde à observer. Puis la cadence ralentit, la nuit est dehors et je vais me coucher.
Le matin suivant nous prenons tous la direction de Luz, sud, sur-est.
Ce matin là Anouk va faire du ski, sur un versant dégagé, en compagnie de quelques autres enfants à la recherche de vitesse et tournis. Abel et moi restons sur le dos de nos pères, raquettes sur la courbe de niveau et toujours autant de soleil.
Une petite pause speculoos et chocolat au bord d'une improbable maison en bois. Lunettes noires et vue panoramique. C'est magnifique cette montagne.
On repart à travers la neige. Maman avance tout là haut.
On retrouve Anouk avant de redescendre un peu vers la vallée pour manger. Au pied d'une église perchée sur la route, une fontaine d'eau claire et un banc nous invitent à pique niquer. Abel se régale de pain délicieux.
Et la montagne est toujours là, à accompagner nos repas et nos lunettes.
Juste avant le café sur une terrasse de Luz-Saint-Sauveur, je fais ma première expérience de manège en compagnie de maman. J'adore. Des carrosses, des chevaux et tout et tout.
J'adore tellement que j'essaierai à plusieurs reprises de traverser la route et le parking malgré l'interdiction de mes parents pour retourner faire un tour.
Une nouvelle journée passe. Sieste, dessin, bain, poussette, poupée, sac vert, riz, chocolat, barbapapa, et au lit.
Et puis arrive le dernier jour de la semaine. Le ciel est à nouveau magnifique dés le matin, et on remonte sur le lieu de notre première marche à raquettes. Anouk va slier et Anne-Gaëlle emmène des skis pour la regarder. Pendant ce temps, Antoine, Abel, papa, maman et le kid partent à l'assaut de la montagne. Raquettes et lunettes noires, c'est parti.
La vue est imprenable et maman ne se décourage pas dans la montée. Moi non plus d'ailleurs. Pour encourager papa, je m'endors sur son dos et lui transmets un peu de cette énergie que je récupère dans le sommeil. Courage papa, je rêve du haut de la montagne.
Et on y arrive. Maman nous rejoint. Coup de chance, il y aussi 2 autres personnes sur ce petit sommet enneigé. Elles peuvent prendre une photo de notre petite famille en altitude.
Et on redescend. Etonnante notion de vacances. On est content, avec de la neige et du vent plein les yeux. S'ensuit une débauche de rangement, de ramassage de trucs sous des machins, de balayage et de montage et descendage d'escalier et toute une série de mouvements visant apparement à laisser cet endroit qui nous a hébergé pendant une semaine dans un état d'ordre à peu près stable tout en s'assurant que nous ne laissons derrière nous aucun objet qui pourrait s'avérer parfaitement indispensable dans les semaines à venir. Je pars avec maman, Anne-Gaëlle et Abel en taxi. Chic, en rapport avec cette histoire de panne de voiture de mardi dernier. Pas besoin de détails supplémentaires.
Le soir, nous sommes tous à Pau, il y a un grand jardin, des jouets et encore plein de petit ours brun. Le lendemain matin, on joue encore un peu au soleil et puis il est l'heure de repartir vers Rennes. Gare de Pau, premier arrêt et premier train. Ca pourrait être grande vitesse jusqu'à Bordeaux. Puis on change. Second gare. C'est parfois un peu long, il n'y a plus de batterie dans l'ordinateur. Je marcherai bien un petit peu. On avance vers le nord. Tiens, Aytré, vite fait. On avance.
Redon - Rennes, dernier train avant la maison, dernière ligne oblique avant la fin du voyage. Le wagon est plein de randonneurs. Un groupe de gens qui passent le temps en prenant le train pour aller marcher. Ils ne peuvent pas être complètement inintéressants. Je les regarde un peu, je m'élance et je fouille mon petit sac vert en papier qui a survécu au périple.
Le dimanche suivant le ciel s'est couvert, on a encore rangé un peu et on était content de cette semaine avec nos amis, au soleil.
Par la suite, l'hiver a continué, puis le printemps est arrivé et maintenant c'est l'été. J'ai appris à mieux marcher, à dégainer des deux mains, à dire chocolat plus vite que mon ombre, à déplacer des objets dans des espaces bizarroides, à descendre le toboggan, à chercher le pain et à déambuler sans tomber. J'ai aussi assister à quelques disparitions de mes parents. Surtout papa, visiblement parti voyager quelque part de l'autre côté de la webcam. Souvent cet hiver et au printemps. Et puis j'ai aussi appris à jouer avec mes camarades chez tata. Parfois il a fait beau et parfois il pleuvait, j'ai été un peu malade mais surtout en forme, on est parti un petit peu à Paris, La Rochelle, Le Pouldu et Acigné.
Evidemment, il s'est passé beaucoup de choses pendant tout ce temps où rien n'était écrit sur ce blog. Mais des photos ont été prises et des histoires ont été dites, n'attendant plus que d'être déposées dans un petit coin du cyberespace. D'ici là, j'espère que ces quelques souvenirs de montagne et de neige vous ont plu et que les grizzlys et les chercheurs d'or me laisseront le temps de descendre quelques shots de lait de croissance en rédigeant un post sur le porche.