dimanche 26 avril 2009

rivers and tides

J’ai rencontré des trappeurs qui pensaient que le temps était inscrit dans la montagne, des indiens qui pouvaient lire le temps dans l’absence de quelque élément, des cow boys qui croyaient que le temps était linéaire et que la vie était un segment le long de cette ligne, un acteur ambulant qui changeait de régime avec la couleur du sol et qui pouvait lire m’a même soutenu que le temps était en fait une spirale, successions de cycles, vie irrémédiablement poussée par une force centrifuge vers un autre océan.

Mais je peux vous le dire, le temps est bel et bien une couverture qu’on enroule autour de soi, large et souple, aux plis courbes et à la chaleur inégale, comme si elle s’obstinait à découvrir un petit bout d’orteil ou une oreille sacrifiée à la nuit glaciale du désert. Et il semble que je me suis installée dans un de ces replis du temps couverture pour mieux apprendre à parler, à m’obstiner, à regarder dans le soleil, à couper les cartes, à tenir tête, à transporter, à rigoler et à dormir d’un sommeil de kid. Alors maintenant j’ai des tas de choses à vous raconter. Des tas d’aventures et d’histoires fabuleuses, de repas aux textures variées, de chocolat et de barbapapas, de voyage et de spaghettis, d’hiver et de soleil, de nuit, de chariot, de tata, chat, maman, papa, barbapapa et on y va pour un autre cycle dans un pli.

D’abord janvier. On commence doucement et il semble que j’aie mangé à peu près tous les soirs. Alors c’est parti pour le dîner, quelques pyjamas, la cuisine. L’idéal, bien sûr, ce serait de manger toute seule, mais pour diverses raisons qui vont de la préservation d’un minimum de propreté sur le sol à un régime plus ou stable, mes parents continuent à largement m’accompagner dans cette activité quotidienne. Ils ont même essayé de manger avec moi, même s’il s’avère que j’ai dû légèrement décaler mes horaires pour bénéficier de leur compagnie.Le temps étant largement dépourvu de souplesse, il arrive que mes parents aient besoin d’un peu d’aide pour satisfaire l’emploi que chacun veut faire de ce temps. Alors Lou marche un peu, prend le train, descend du train, prend un métro, marche encore un peu et il arrive chez nous. Et je suis contente de le voir. Il partage aussi mon dîner et le lendemain on passe une bonne journée à lire, chanter, transporter, dormir et manger parce qu’il le faut bien. Et ainsi passe le mois de janvier. L’hiver bien occupé, la quotidien, ni plus ni plus ni moins.
Février arrive sans trop prévenir, les jours rallongent. Pas idiot cette histoire de spirale en quelque sorte. Et février ça commence presque par l’anniversaire de maman. Zerelda Lee déploie tous ses talents de chocolatière, guirlandes colorées sur la vitrine, fontaine de macarons sur le porche, la poussière de la grand rue est complètement éberluée et décide de retomber cet après midi là pour laisser le chocolat intact. La fête peut commencer, mes grands parents arrivent de La Rochelle.

Les jours allongent, on reçoit un peu de visite, je prête un peu le mac de maman à Lubin.

Et puis, comme ça, un mardi midi, sans prévenir, alors que ça aurait pu arriver avant ou bien après, mais non c’était à ce moment précis que ça devait arriver, je me suis mise à marcher. Chez tata. Autant vous dire que ce fût un changement radical de perspective. A la fois sur l’altitude du monde atteignable et des choses qui tombent, sur l’espace, la gravité, mais aussi sur le langage, les foules urbaines, l’arrêt de bus du matin, les fissures dans le trottoir qui sont tellement petites qu’il faut marcher très exactement à ma hauteur pour les remarquer, les voitures qui démarrent et les textures terrestres. Vous croyez que marcher sur un trottoir en bitume ou granit c’est la même chose ? Ou sur de l’herbe, du sable, des graviers, la moquette de la bibliothèque, le carrelage du couloir ou le lino du séjour ? Et bien non ! Ce n’est pas du tout pareil, et chaque texture je me dois d’accorder le temps de la réflexion et de l’expérimentation. Qu’il en soit ainsi. Quant au rapport avec le langage, il n’est peut-être pas direct, mais très largement corrélé dans mon expérience. Alors il en sera également ainsi.

Pour l’heure papa m’emmène au Thabor mener une première expérience.

Puis le week-end suivant nous allons à Stervilin rejoindre Lou et le monde merveilleux où toutes les fleurs sont jaunes. Je suis très en forme. Nourriture, cuisine, magnets, soleil, sieste, tout y passe. On arrive pile à l'heure su dîner le vendredi soir. Occasion idéale pour manger en s'amusant un peu. En plus il y a une crêpe à l'oeuf au menu.

Maman semble avoir trouvé quelque chose à regarder, au-delà de nos jeux nutritifs. Lou et le kid rigolent.Et puis le moment vient où il n'y a plus de nourriture, où les adultes décident de vivre un peu leur vie et je pars découvrir un peu cette nouvelle maison.
L'heure des crêpes arrive pour les adultes aussi. On rejoint la cuisine. J'arrive bien équipée.
Après quelques bouts de crêpes supplémentaires, je prie Lou de redescendre les magnets qu'il a eu l'idée saugrenue de disposer tout en haut du frigidaire. Comme si j'étais géante...
Le samedi matin je pars à la découverte des lieux. D'abord j'observe l'extérieur depuis l'intérieur. Tous ces nouveaux pas et toutes ces nouvelles sensations et tous ces arbres méritent un peu d'observations

Finalement, pousser une chaise pour déplacer des choses à travers une pièce, ça doit bien faire partie de la découverte aussi.Comment ça un gâteau avec du chocolat? De quoi parlez-vous?

Le samedi après-midi, c'est la vraie expédition. Le ciel est clair, il fait bon, je descends un petit bout de la prairie. Une petite séance photo et en route pour la côte.

Arrivés à la plage, c'est l'heure de la sieste pour tout le monde. On s'allonge eu soleil et à l'abri du vent. C'est bien de dormir dehors. Au réveil, la plage ne s’avère toujours pas très attractive pour un kid habitué aux hauts plateaux.

De retour à Stervilin je suis à nouveau en pleine forme et Lou a descendu une caisse de jouets du grenier. C'est partie pour l'exploration, le déboitage de caisse, le démontage de dinette, la cuisine expresse et l'éparpillement de quelques casseroles.

Le diner arrive suivi d'un étrange dessert. J'approche

Je goûte.

Mais oui, c'est ce que ça semble être. Un gâteau au chocolat. Je mange sans trop d'hésitation.

Maman a des trucs fabuleux à me montrer après ça.

Dimanche matin, il fait toujours aussi beau. A peine debout, je fais un peu d'exercice, à pieds et avec les portes.Chaudement habillée, je suis même prête à marcher dehors.
C’est bien Stervilin, je resterais bien un peu.